« Il faut se renforcer comme un lion pour se lever tôt le matin (…), et on doit être celui qui réveille l’aube ». (Shoul‘han ‘Aroukh, Ora‘h ‘Hayim, section 1, paragraphe 1).
Selon l’enseignement de la Torah (1) : « Dieu fit donc dévier… » (2) (Exode 13:18), comme expliqué dans cette leçon (Liqouté Moharan, I, leçon 62).
Il est expliqué dans cette leçon qu’il existe une distinction entre les questions. Il y a des questions pour lesquelles une personne peut comprendre une réponse. C’est à ce sujet qu’il est dit (Pirqé Avot, chapitre 2) : « Sache quoi répondre… ». En effet, la vérité est que le fait qu’ Hachem, béni soit-Il, ait limité l’intellect humain à ce qu’il peut comprendre constitue une grande mitsva : celle d’affiner son intellect pour parvenir à une compréhension claire du sujet. C’est à cela que fait référence l’enseignement : « Sache quoi répondre à l’hérétique. »
Cependant, il existe des questions pour lesquelles il est impossible à l’intellect humain de trouver une réponse. Ces réponses ne seront révélées que dans le futur. Il est interdit à une personne d’approfondir de telles questions. Quiconque s’appuie sur son intellect pour les examiner tombe sous l’avertissement de ce verset (Proverbes 2:19) : « Aucun de ceux qui vont chez elle ne revient, incapable de retrouver le chemin de la vie. » Concernant ce type de question, il est interdit de s’appuyer sur son intellect ; il faut plutôt s’en remettre à la foi (émouna).
Même pour ces questions auxquelles une réponse existe, il arrive parfois que les chemins de l’intellect soient bloqués, empêchant une personne de répondre. Alors, un doute ou une hérésie peut s’insinuer en elle. Cette hérésie varie selon le niveau de chaque individu, certains étant plus profondément affectés que d’autres, selon leur compréhension et leur capacité intellectuelle.
Car il faut servir D.ieu avec les deux penchants (3). En vérité, si une personne avait une connaissance complète et sincère dans son cœur que « toute la terre est pleine de Sa gloire » (Isaïe 6:3), et que le Saint, béni soit-Il, se tient là pendant la prière et écoute celle-ci, alors, sans aucun doute, elle prierait avec un grand enthousiasme et veillerait soigneusement à exprimer ses paroles en se concentrant pleinement. Mais, parce qu’une personne n’a pas cette connaissance pleinement ancrée dans son cœur, elle ne ressent pas un tel enthousiasme et ne fait pas preuve d’une telle précision dans sa prière, etc.
Tout cela découle de la dissimulation de la connaissance, qui est liée à l’aspect de la division (ma’hloket), comme il est dit (Osée 10:2) : « Leur cœur s’est partagé. (4) » (5) Cela correspond aux questions qui surgissent lorsque les chemins de l’intellect sont bloqués, à tel point qu’une personne ne sait pas répondre aux doutes ou à l’hérésie qui se trouvent dans son cœur.
(1) Dans ce contexte, le mot Torah ne se réfère pas à la Torah écrite ou orale dans son sens classique, mais aux enseignements dispensés par Rabbi Na’hman. Cet usage est courant dans la tradition hassidique et dans le monde juif en général, où les discours et développements des grands sages sont parfois appelés Toroth (pluriel de Torah), reflétant l’idée que chaque enseignement authentique éclaire et approfondit la compréhension de la Torah. Rabbi Na’hman de Breslev utilisait fréquemment ce terme pour désigner ses propres leçons, un usage que son disciple Rabbi Nathan a conservé dans ses écrits.
(2) « … le peuple du côté du désert, vers la mer des Joncs et les enfants d’Israël partirent en bon ordre du pays d’Égypte. »
(3) L’expression « servir D.ieu avec les deux penchants » fait référence à un enseignement central selon lequel l’être humain doit engager à la fois son bon penchant (yétser hatov) et son mauvais penchant (yétser hara) dans le Service divin. Le bon penchant guide vers des actions droites et vertueuses, tandis que le mauvais penchant, bien que source de désirs égoïstes, peut être transformé et orienté vers le bien, par exemple en utilisant des passions ou des ambitions pour accomplir des mitzvot ou des objectifs spirituels. Cette approche souligne la nécessité d’une intégration complète de toutes les facettes de l’être humain dans le service Divin.
(4) « … ils en portent la peine maintenant; Lui-même abattra leurs autels, ruinera leurs stèles. »
(5) Ce verset se situe dans un contexte où le prophète Osée reproche à Israël son éloignement de Dieu. Le peuple est accusé d’avoir un cœur divisé, tiraillé entre l’idolâtrie et le Service divin. Cette division intérieure reflète un manque de foi et de fidélité, entraînant des conflits spirituels et sociaux. Rabbi Nathan cite ce verset pour illustrer l’idée que la ma’hloket (division ou conflit) naît d’une fragmentation dans le cœur. Lorsque le cœur est divisé, cela engendre des doutes, des questions insolubles et un éloignement de la foi, nécessitant un travail spirituel pour rétablir l’unité intérieure.