(Pour lire la partie précédente, cliquez ici).

La connaissance (da’at) correspond à la lumière, tandis que la folie, qui dissimule la connaissance, correspond à l’obscurité. En effet, l’obscurité découle de l’obscurcissement de la connaissance, une dissimulation de la compréhension, source des questions mentionnées précédemment.

Comme il est enseigné dans le Zohar (voir Siddour Kol Ya’aqov, Hanhagat HaLayla)(1) : « Lorsque la nuit déploie ses ailes, alors les portes du Gan Éden se ferment (2), et les autorités des jugements sévères se répandent dans le monde. Le monde est alors dirigé par la Matronita (Shekhina) (3). »

Cela signifie que durant la nuit, l’obscurité s’intensifie, représentant l’absence de connaissance (da’at), correspondant à la fermeture des portes du Gan Éden, associées aux chemins de la réflexion. À ce moment-là, les autorités des jugements sévères (nimoussé gardounine) se répandent dans le monde, correspondant aux rigueurs (dinim) et aux forces d’impureté (kélipot).

L’essentiel de leur emprise réside dans l’hérésie et les questions, issues du retrait de la connaissance pendant la nuit, ce qui correspond à la fermeture des portes du Gan Éden, comme il est connu et mentionné précédemment.

Alors, « le monde est dirigé par la Matronita », qui correspond à la Reine sainte, c’est-à-dire à l’aspect de l’émouna sainte. En effet, durant la nuit, dans le temps de l’obscurité, lorsque la connaissance (da’at) se retire, il devient nécessaire de se renforcer uniquement par la foi (émouna).

L’émouna correspond à l’aspect de la Royauté (Malkhout), c’est-à-dire à la Matronita mentionnée ci-dessus. Cela correspond au verset (Psaumes 92:3) : « Et Ta foi pendant les nuits. » Comme cela est expliqué dans les enseignements de notre maître (Liqouté Moharan I, leçon 35), consultez ce passage pour plus de détails.

Cela correspond également à l’aspect du sommeil pendant la nuit. En effet, durant la nuit, l’obscurité s’étend sur le monde. Cette obscurité provient essentiellement de l’obscurité supérieure, liée à la profondeur de l’inaccessible, comme il est dit (Psaumes 18:12) : « Des ténèbres Il se fait une mystérieuse retraite. » (4) (5).

Ces ténèbres représentent les questions pour lesquelles il est impossible de trouver une réponse ou une solution dans ce monde, de quelque manière que ce soit. Ces questions correspondent à l’obscurité qui dissimule la révélation de la divinité de l’Éternel, béni soit-Il.

Cette obscurité ne peut être dissipée par aucune forme de connaissance, mais uniquement par la foi, comme mentionné précédemment. En effet, il est impossible de trouver une solution à ces questions, et il faut donc s’appuyer uniquement sur l’émouna, comme cela a été expliqué plus haut.

Le sommeil pendant la nuit correspond à l’aspect du retrait de la connaissance (da’at). En effet, au moment du sommeil, l’intellect se retire pour s’intégrer dans la foi, où il se renouvelle, comme il est dit : « Elles se renouvellent chaque matin, infinie est Ta bienveillance (6) » (Lamentations 3:23). Cela est expliqué dans les enseignements de notre maître, de mémoire bénie, dans la leçon « Heureux le peuple… » (Liqouté Moharan I, leçon 35). Consultez ce passage pour davantage de détails.

Lorsque l’obscurité de la nuit domine, accompagnée des forces d’impureté (kélipot), de l’hérésie (kefirot) et des questions irrésolubles – ces éléments correspondant à l’aspect de l’obscurité –, il devient nécessaire de recourir au sommeil. Le sommeil agit comme une réparation et un apaisement pour l’intellect, car dans ces moments, il est essentiel de mettre de côté toute réflexion (da’at), ce qui correspond à l’aspect du sommeil, défini comme le retrait de la connaissance. Dans cet état, on doit s’appuyer uniquement sur la foi.

Ce processus incarne principalement l’aspect du sommeil : mettre complètement de côté la connaissance et s’appuyer uniquement sur l’émouna. Cela correspond à l’acceptation du joug de la Royauté céleste (‘Ol Malkhout Shamayim), que l’on prend sur soi avant de s’endormir, notamment à travers la récitation du Shema avant le coucher. Cette récitation exprime la foi dans l’unité divine (emounat haï’houd) (7).

Pendant le sommeil, l’intellect se retire pour s’intégrer dans la foi, répondant ainsi aux questions insolubles, lesquelles reflètent l’intensité de l’obscurité de la nuit. Dans ces moments, il devient nécessaire de mettre de côté toute réflexion, dans l’aspect même du sommeil, et de s’appuyer uniquement sur l’émouna.

III

Se lever à minuit correspond à un aspect spirituel essentiel. Bien que le sommeil constitue une grande réparation pour l’intellect, permettant son renouvellement à travers la foi, comme mentionné précédemment, il reste néanmoins crucial de veiller à se lever à hatsot au cours de la nuit.

La nuit, caractérisée par l’obscurité et l’absence de connaissance (da’at), est divisée en deux parties : la première moitié et la seconde moitié, comme il est enseigné (Zohar Lekh Lekha 92b) (8).

Ces deux parties correspondent aux deux types de questions évoqués précédemment. Durant la première moitié de la nuit, l’obscurité et la rigueur (din) atteignent leur apogée. En effet, à ce moment, l’obscurité est alimentée par des questions qui demeurent sans réponse, représentant ainsi l’intensité maximale de l’obscurité, car elles ne peuvent être résolues.

Pour cette raison, il est alors nécessaire de dormir, ce qui symbolise un retrait de la connaissance (da’at). À ce moment, il faut mettre entièrement de côté l’intellect et s’appuyer exclusivement sur l’émouna, ce qui correspond à l’aspect du sommeil, comme expliqué précédemment.

Cependant, à minuit (hatsot layla), la rigueur (din) commence à s’adoucir. Les questions évoquées plus haut se retirent alors de l’intellect (da’at). À ce moment précis, il devient impératif de se lever pour s’engager dans l’étude de la Torah et dans le service divin. Par ces actes, on attire la connaissance (da’at), on ouvre les chemins de la réflexion, et on mérite ainsi une compréhension claire, permettant de résoudre et d’assimiler les réponses aux questions pour lesquelles une explication est possible, comme mentionné précédemment.

C’est cela (Psaumes 119:62) : « Au milieu de la nuit, je me lève pour Te rendre grâce, à cause de Tes jugements équitables » – « à cause de Tes jugements équitables » précisément. Se lever à hatsot pour s’engager dans l’étude de la Torah, afin d’attirer la connaissance (da’at), comme mentionné précédemment, correspond à l’étude des posqim évoquée plus haut. Par cette étude, on attire la connaissance permettant de résoudre les questions pour lesquelles une réponse est possible. Ce mérite découle de l’engagement dans l’étude de la Torah à hatsot, comme expliqué plus haut.

Comme il est enseigné dans le saint Zohar (Beshalah 57b) et dans les paroles de notre maître, de mémoire bénie (Liqouté Moharan, leçon 149), se lever à hatsot et s’engager alors dans l’étude de la Torah permet d’attirer la connaissance. En effet, comme mentionné précédemment, à hatsot, durant la seconde moitié de la nuit, la rigueur (din) est adoucie. L’obscurité ne provient alors que des questions pour lesquelles il est possible de trouver une réponse, bien que les chemins de la connaissance (da’at) soient obstrués. Cela correspond à l’obscurité de la nuit (9).

C’est pourquoi, à ce moment précis, il est nécessaire de s’engager dans l’étude de la Torah afin d’ouvrir les chemins de la connaissance (da’at), pour mériter une compréhension complète dans la lumière du jour. Cet effort permet d’élever et de perfectionner la foi jusqu’à l’aube, moment où elle atteint sa plénitude, comme il est dit : « Elle se manifeste au matin ». Cela correspond à l’aspect : « c’est à nous de réveiller l’aube », comme mentionné plus haut.

. . .

(1) Le Siddour Kol Ya’aqov est un recueil de prières juives compilé par Rabbi Ya’aqov Emden (1697-1776), un éminent rabbin et érudit halakhique. Il vécut en Allemagne et était connu pour son érudition exceptionnelle ainsi que pour ses contributions aux commentaires talmudiques et liturgiques. Le Siddour Kol Ya’aqov est un recueil de prières juives organisé selon l’ordre traditionnel, incluant des commentaires et des instructions pratiques pour la prière. Il offre également des enseignements mystiques et halakhiques relatifs à la conduite quotidienne, notamment sur la manière de structurer la nuit et le matin en lien avec des pratiques spirituelles telles que hatsot. Ce siddour est particulièrement apprécié pour ses explications qui relient la prière à des concepts kabbalistiques, comme ceux du Zohar.

(2) Le Gan Éden (Jardin d’Éden) symbolise un lieu spirituel de pureté et de délices où résident les âmes des justes après leur mort. Les « portes du Gan Éden » évoquent l’accès à des dimensions supérieures de sagesse, de clarté spirituelle et de proximité avec la divinité. La fermeture des portes du Gan Éden pendant la nuit symbolise un retrait temporaire de cette lumière spirituelle et de cette clarté. La nuit, associée à l’obscurité et à l’absence de connaissance (da’at), marque un temps où l’humanité est davantage exposée aux influences négatives, comme les jugements sévères (dinim) et les forces d’impureté (kélipot). Ce retrait invite à se renforcer dans l’émouna pour surmonter l’obscurité spirituelle.

(3) Le terme Matronita est un titre kabbalistique qui désigne la Shekhina, la divine immanente, souvent perçue comme l’aspect féminin de la divinité. Ce terme, qui signifie littéralement « dame » ou « reine », souligne le rôle de la Shekhina en tant que force maternelle et protectrice dans le monde. Lorsque Rabbi Nathan dit que « la nuit, le monde est dirigé par la Shekhina », cela signifie que durant cette période d’obscurité spirituelle où la lumière de la connaissance (da’at) se retire, la Shekhina continue de veiller sur le monde. Elle agit comme un guide spirituel et une source de foi, soutenant l’humanité dans un temps où les forces d’impureté et de jugement sévère (dinim) prédominent. Cette idée reflète la nécessité de s’appuyer sur la foi pour maintenir un lien avec le divin en l’absence de clarté spirituelle.

(4) « … Il s’enveloppe, comme d’un pavillon, des eaux obscures, d’opaques nuages. »

(5) Le verset décrit la puissance divine cachée dans l’inaccessible. Ce passage, issu d’une louange de David à Hachem pour sa délivrance, évoque comment la Présence divine agit tout en restant voilée. Les ténèbres symbolisent ici une dissimulation volontaire de la lumière divine appelant à s’appuyer sur l’émouna pour percevoir la présence d’Hachem même dans l’obscurité.

(6) En hébreu, le mot traduit ici par « bienveillance » est אֱמוּנָתֶךָ (émounateha), qui signifie littéralement « Ta foi » ou « Ta fidélité ». Cette notion est liée à l’idée de constance et de fiabilité divine. Rabbi Nathan fait le lien entre la foi et le renouvellement de la connaissance ; la foi est perçue comme une base stable où la compréhension humaine (da’at) peut se renouveler et s’élever. La traduction « bienveillance » reflète l’effet de cette fidélité divine, mais elle ne capture pas directement la racine hébraïque liée à la foi.

(7) Cela fait référence à la croyance fondamentale dans l’unité absolue d’Hachem, où tout dans l’univers, y compris les oppositions apparentes (bien et mal, lumière et obscurité), découle d’une seule source divine. Cette foi s’exprime notamment dans la récitation du Shema, affirmant l’unité de l’Éternel. Dans un contexte mystique, elle symbolise l’attachement à la Providence divine, même dans des moments d’obscurité spirituelle, comme le sommeil.

(8) L’heure de hatsot (minuit halakhique) marque la transition entre les deux moitiés de la nuit. Cette heure est calculée en fonction de la durée de la nuit et représente un moment spirituellement significatif, souvent associé à la prière et à la méditation, symbolisant la progression de l’obscurité vers la lumière.

(9) L’obscurité symbolise souvent les doutes et les confusions spirituelles. Ici, Rabbi Nathan distingue deux types de questions : celles pour lesquelles il est impossible de trouver une réponse (associées à l’intensité de la première moitié de la nuit) et celles pour lesquelles une réponse est possible, mais où les chemins de la réflexion sont temporairement bloqués (associées à la seconde moitié de la nuit). Cette dernière obscurité reflète une situation où l’intellect est limité mais pas totalement désespéré, nécessitant des efforts spirituels pour débloquer les voies de la connaissance.

Suite…

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