Prier ‘Arvit : accueillir la nuit dans la lumière
La prière d’‘Arvit marque la transition entre le jour et la nuit, entre l’activité visible et le monde plus secret du repos. Pour Rabbi Yits‘haq Breitier, elle n’est pas une prière secondaire ou optionnelle : c’est un moment-clé pour clore la journée dans la présence d’Hachem et se préparer à la nuit avec confiance et sérénité.
Il insiste sur cinq qualités essentielles : lenteur, force, kavana, joie et voix agréable. La lenteur permet d’honorer chaque mot et de ne pas réduire la prière à un automatisme. La force n’est pas forcément physique, mais une intensité intérieure qui montre que l’on est réellement engagé. La kavana — concentration du cœur et de l’esprit — donne à chaque parole une direction et un poids. La joie vient de savoir que l’on se tient devant le Maître du monde, même au terme d’une journée imparfaite. La voix agréable, enfin, ne relève pas de l’art musical, mais d’un ton empreint de douceur et de respect.
Rabbi Yits‘haq attire aussi l’attention sur la prononciation du Nom divin, en veillant à articuler correctement le ‘holam du dalet et à bien marquer le youd. Ce soin n’est pas une formalité technique : il exprime une attitude intérieure de révérence. On ne parle pas à la légère devant le Créateur.
Dans la perspective breslevienne, ‘Arvit est un moment de tiqoun (réparation spirituelle) et de protection. Par cette prière, dit Rabbi Yits‘haq, on « adoucit tous les jugements » et l’on reçoit la force de faire face aux « descentes, obscurités et obstacles » de la vie. On termine par ces mots : « Il garde Son peuple Israël à jamais », qui ne sont pas seulement une déclaration, mais un acte de confiance profonde : remettre entre les mains de Dieu sa vie, sa nuit et son lendemain.
Ainsi, ‘Arvit devient un refuge quotidien, un temps où l’on dépose le poids du jour pour entrer dans la nuit non pas comme dans un vide, mais comme dans une lumière cachée, gardée par Celui qui veille sur Israël et sur chaque âme.
Paroles à dire dans le secret du cœur : Prière d’‘Arvit
Maître du monde,
le jour s’achève et la nuit s’approche.
Je viens vers Toi tel que je suis — avec mes forces et mes faiblesses,
avec ce que j’ai accompli et ce que j’ai laissé inachevé.
Aide-moi à prier maintenant avec lenteur,
à ne pas courir après les mots comme on court après le temps.
Donne-moi la force intérieure qui donne vie à chaque syllabe.
Éveille en moi la kavana,
cette attention du cœur qui transforme les paroles en lumière.
Apprends-moi à prononcer Ton Nom avec respect,
à me souvenir que je me tiens devant Toi.
Mets la joie dans ma voix, même si je suis fatigué,
car c’est un privilège de Te parler.
Prends mes soucis et mes angoisses,
garde-les entre Tes mains comme Tu gardes Israël.
Entoure-moi de paix,
et fais que cette nuit soit un refuge pour mon âme.
Et quand je dirai : « Il garde Son peuple Israël à jamais »,
fais que ce soit un cri de confiance,
une certitude que Tu veilles sur moi,
sur tous ceux que j’aime,
et sur Ton peuple, en tout temps.