‘Hatsot : pleurer pour la reconstruction et éveiller l’espérance
La pratique de ‘Hatsot occupe une place essentielle dans l’enseignement de Rabbi Yits‘haq Breitier. Elle consiste à se lever au milieu de la nuit pour pleurer la destruction du Temple et l’exil de la Présence divine. Mais Rabbi Yits‘haq rappelle qu’il ne s’agit pas seulement de se souvenir d’un passé lointain : ces pleurs expriment aussi la douleur de l’occultation actuelle — le voile qui cache la lumière du véritable Tsadiq, ainsi que nos propres fautes qui retardent la délivrance.
Selon lui, pleurer à ‘Hatsot n’est pas un exercice théorique mais une rencontre avec soi-même. On prend conscience que ses défauts, ses penchants et ses mauvaises habitudes participent au retard de la Guéoula. Le but n’est pas de s’accabler, mais de transformer ces pleurs en appel vers Hachem. On se retrouve dans les mots du Tiqoun ‘Hatsot et l’on fait de ce moment un miroir : chaque verset devient une clé pour se reconnaître et supplier pour la rédemption du peuple et de l’âme individuelle.
Rabbi Yits‘haq souligne aussi que ‘Hatsot est une heure de proximité unique. La nuit est silencieuse, dépouillée de distractions. Celui qui se lève alors pour pleurer devant Hachem s’unit à une chaîne de priants qui, de génération en génération, veillent dans l’obscurité. La prière devient plus pure, les supplications plus vraies, car elles ne reposent pas sur l’élan de la foule mais sur une décision solitaire de se tenir devant Dieu.
Il précise enfin le calcul du temps : ‘Hatsot commence six heures après la sortie des étoiles, été comme hiver, et dure deux heures. Ce repère montre que la sainteté ne dépend pas de la saison, mais de la régularité. Chaque nuit offre ainsi une porte semblable : pleurer, espérer, et hâter la délivrance. Pour Rabbi Yits‘haq, celui qui s’attache à cette pratique attire sur lui la patience, la pureté et la force de se renouveler dans le service divin.
Paroles à dire dans le secret du cœur : ‘Hatsot
Maître du monde,
je me lève au milieu de la nuit quand les voix se taisent.
Je viens devant Toi avec une lampe vacillante,
et avec des larmes qui cherchent leur chemin.
Je pleure Ton Temple détruit,
la Présence exilée de Ton Nom,
la lumière du Tsadiq voilée,
et mes propres fautes qui épaississent l’obscurité.
Ne laisse pas mes pleurs se perdre;
fais-en une source pour irriguer un matin nouveau.
Je n’ai pas de puissants mérites.
J’ai un cœur qui veut revenir,
des mots simples,
et le courage fragile de rester ici.
Reçois mes larmes comme une offrande,
transforme-les en graines de consolation.
Délivre Ton peuple Israël,
rassemble les dispersés,
guéris les cœurs brisés.
Délivre aussi mon âme de son adversaire intime,
du découragement, des désirs confus,
de tout ce qui éteint l’espérance.
Que le Tiqoun ‘Hatsot que je récite
ouvre une brèche dans la nuit.
Qu’il fasse descendre sur moi patience et pureté,
et la grâce de recommencer.
Quand l’aube se lèvera,
fais que mes pas soient plus droits,
que mes yeux cherchent Ta lumière,
et que ma faiblesse d’aujourd’hui
devienne la force de Te servir demain.
Amen.
Souviens-Toi de l’alliance de nos pères,
et grave dans ma nuit la certitude de Ta proximité;
alors même le silence chantera Ta délivrance.