Lecture du Shema‘ au coucher : confier la nuit à Hachem
La lecture du Shema‘ au coucher n’est pas un simple rite d’endormissement : c’est une remise de soi entre les mains d’Hachem au seuil de la nuit. Rabbi Yits‘haq Breitier la situe dans la continuité d’‘Arvit : lenteur, joie, et kavana soutenue. Cette lenteur n’est pas décorative ; elle rééduque l’âme après l’agitation du jour, l’aide à peser chaque mot et à goûter la souveraineté d’Hachem au moment même où l’on renonce au contrôle. La joie est, elle, un acte de foi : malgré les manques de la journée, on choisit de clore le jour dans la proximité divine.
Dire le Shema‘ sur son lit a valeur de tiqoun (réparation). Rabbi Yits‘haq souligne que ce moment aide à rectifier les fautes commises en pensée, en parole et en acte, et tout particulièrement les atteintes à l’Alliance (pgam habrit). L’Alliance n’est pas seulement un signe dans la chair ; c’est un pacte vivant de pureté et de fidélité qui engage le cœur. L’évoquer au coucher, c’est demander que la lumière d’Hachem pénètre les zones de fragilité et restaure l’orientation de l’âme. Le Shema‘ replace l’unicité divine au centre, là où les désirs dispersent et enténèbrent.
Les Sages enseignent que celui qui récite le Shema‘ au coucher éloigne de lui les forces nuisibles. On peut l’entendre de deux manières, complémentaires. D’abord, comme une protection spirituelle réelle contre des influences négatives ; ensuite, comme une pacification intérieure : la parole du Shema‘ dissipe l’angoisse, délie les ruminations, décharge l’esprit des images du jour. Prononcé avec kavana, il devient un rempart silencieux et une huile apaisante.
Enfin, cette lecture sanctifie le sommeil lui-même. On ne s’abandonne pas à une simple inertie biologique, mais à une garde confiée au Gardien d’Israël. On dépose sa journée – réussites et échecs – et l’on prépare déjà l’aurore : « Entre Tes mains je confie mon esprit » devient la posture intérieure. Ainsi, la nuit n’interrompt pas la relation ; elle la prolonge sous le signe de la confiance, afin que le réveil soit un recommencement éclairé par l’unité proclamée la veille.
Paroles à dire dans le secret du cœur : lecture du Shema‘ au coucher
Hachem,
la journée se termine et je viens à Toi tel que je suis.
Je T’apporte mes réussites et mes manques,
mes élans purs et mes gestes maladroits.
Reçois ma prière comme une offrande du soir.
Pardonne mes fautes et purifie-moi des atteintes à Ton Alliance.
Rends-moi digne de ce lien sacré qui nous unit,
un lien plus fort que mes faiblesses.
Dans le silence qui précède le sommeil,
je veux proclamer Ton unité.
Que les mots du Shema‘ soient ma forteresse
contre toute force nuisible, contre toute pensée sombre.
Entoure-moi de paix,
comme une couverture tissée de lumière et de fidélité.
Je T’offre aussi mes rêves :
qu’ils soient clairs, qu’ils m’élèvent,
qu’ils portent des éclats de Ta vérité jusque dans mon repos.
Hachem,
que mon dernier souffle de la journée soit pour Toi,
et que le premier de demain soit un merci.
Entre Tes mains je dépose mon âme,
car Toi seul es mon gardien,
Toi seul es mon repos,
et Toi seul me réveilleras à la lumière du jour nouveau.