1. (Psaumes 119:1) « Heureux ceux dont la voie est intègre, qui marchent dans la Torah d’Hachem. »
Sache que par la Torah, toutes les prières et toutes les demandes que nous adressons et que nous supplions sont acceptées. Alors, la grâce et la véritable considération d’Israël s’élèvent et se renforcent devant tous ceux dont nous avons besoin, tant dans le domaine spirituel que dans le domaine matériel.
Car à présent, à cause de la multitude de nos fautes, la grâce et la considération véritables d’Israël sont tombées, car aujourd’hui, la grâce et la considération sont surtout de leur côté [celui des nations]. Mais par la Torah, la grâce et la considération d’Israël s’élèvent, car la Torah est appelée (Proverbes 5:19) « biche d’amour et gazelle pleine de grâce »1, car elle confère la grâce à ceux qui l’étudient (Erouvin 54b). Et grâce à cela, toutes les prières et toutes les demandes sont acceptées.
2. Car un Israëlite doit toujours regarder l’intelligence qui se trouve en chaque chose, et relier son être à la sagesse et à l’intelligence présentes dans chaque chose, afin que cette intelligence qui réside en chaque chose l’éclaire et l’amène à se rapprocher d’Hachem à travers cette chose même. Car l’intelligence est une grande lumière, et elle illumine tous ses chemins, comme il est écrit (Qohélet 8:1) : « La sagesse de l’homme illumine son visage. »2
Ceci correspond à la dimension du [patriarche] Ya‘aqov, car Ya‘aqov mérita le droit d’aînesse3, qui est le commencement, et le commencement correspond à la sagesse (Tiqouné Zohar, Tiqoun 14 ; Zohar, Mishpatim 121a), comme il est écrit (Psaumes 111:10) : « Le commencement de la sagesse. »4 Et c’est ce que signifie (Genèse 27:36) : « Il m’a supplanté deux fois », que le Targoum Onqelos traduit : « Il m’a surpassé en ruse ».
Ceci correspond à la dimension du soleil, car l’intelligence éclaire tous ses chemins comme le soleil. Et c’est ce que signifie (Proverbes 4:18) : « La voie des justes est comme la lumière du matin, qui croît et s’illumine jusqu’au jour parfait. »
Ceci correspond à la lettre hébreu ‘Hèt (ח), dont le sens est vitalité5, car la sagesse et l’intelligence sont la vitalité de toute chose, comme il est écrit (Qohélet 7:12) : « La sagesse fait vivre… »6
Cependant, parce que la lumière de l’intelligence est très grande, il n’est possible d’y parvenir que par la dimension de la lettre Noun (נ), qui correspond à la royauté (Malchout)7, comme il est écrit (Psaumes 72:17) : « Que sa renommée (Yinon) grandisse à la face du soleil »8, et Rachi explique que c’est un terme de royauté9.
Ceci correspond à la lune, car la lune n’a pas de lumière qui lui soit propre, mais seulement celle qu’elle reçoit du soleil (Zohar, Vaye‘hi 238b et 249a). Et cela correspond à la royauté (Malchout), qui n’a rien d’elle-même, mais ne reçoit que de la ‘Hèt, dimension de la sagesse, correspondant au soleil comme nous l’avons dit ; et alors la lumière de la lune devient semblable à la lumière du soleil.
Mais celui qui ne relie pas son être à l’intelligence, à la sagesse et à la vitalité qui se trouvent en chaque chose, celui-là correspond à la dimension de ‘Essav, qui méprisa le droit d’aînesse, comme il est écrit (Genèse 25:34) : « Ésaü dédaignaa le droit d’aînesse »10, c’est-à-dire l’intelligence, comme nous l’avons dit, ce qui correspond à (Proverbes 18:2) : « L’insensé ne désire pas la compréhension, mais seulement que son cœur s’exprime. » Ceci correspond à la royauté de l’impureté, à la « lune du côté opposé », à propos de laquelle il est dit (Isaïe 24:23) : « La lune sera couverte de honte… »11
Ceci correspond au bon penchant et au mauvais penchant. Le bon penchant est appelé « pauvre et intelligent »12 (Qohélet 4:13), ce qui correspond à la royauté sainte (Malchout de la qédoucha), car elle est pauvre et démunie, n’ayant rien d’elle-même, ne recevant que de la sagesse. Le mauvais penchant est appelé « roi vieux et stupide » (ibid.), ce qui correspond à la royauté du côté de l’impureté, qui ne désire ni sagesse ni intelligence, comme il est dit : « L’insensé ne désire pas la compréhension… »
Chacun doit donner de la force à la royauté sainte pour qu’elle domine la royauté du côté de l’impureté. Comme nos Maîtres l’ont enseigné (Berakhot 5a) : « Qu’un homme excite toujours son bon penchant contre son mauvais penchant. » Et comment donne-t-on de la force à la royauté sainte ? Par la Torah, que l’homme étudie avec vigueur. Comme il est dit au même endroit : « S’il cède, tant mieux ; sinon, qu’il s’adonne à l’étude de la Torah. » Et comme nos Maîtres l’ont encore enseigné (Qiddoushin 30b) : « Si ce vaurien t’attaque, entraîne-le à la Maison d’étude. »
Car c’est par la Torah que l’on donne de la force à la royauté sainte. Alors, la royauté, qui correspond à la lettre Noun, reçoit sa vitalité de la sagesse, qui correspond à la lettre ‘Hèt, et les deux se lient et s’unissent ; alors, la lumière de la lune devient semblable à celle du soleil.
Et quand celle-ci se lève, celle-là tombe. Ainsi, la royauté de l’impureté s’effondre et se trouve annulée, comme il est écrit (Osée 14:10) : « Car les voies d’Hachem sont droites ; les justes y marcheront, mais les pécheurs y trébucheront. »13
C’est-à-dire qu’à travers les voies d’Hachem, c’est-à-dire la Torah, les justes, qui sont attachés à la royauté sainte, se renforcent et reçoivent de la force. Et les pécheurs y trébuchent : il s’agit de la royauté de l’impureté, correspondant au mauvais penchant, qui tombe et s’incline grâce à la Torah, comme nous l’avons dit.
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1« … que ses charmes t’enivrent en tout temps, et que son amour t’enthousiasme sans cesse ! »
2« Qui est comparable au sage et connaît [comme lui] le sens des choses ? La sagesse de l’homme illumine son visage et prête à sa figure un double ascendant. »
3Le « droit d’aînesse » (bekhora) désigne la prééminence accordée au fils premier-né, qui recevait une part double de l’héritage et détenait un statut spirituel particulier. Dans le récit de la Genèse (25:29-34 ; 27:1-40), Ésaüvendit son droit d’aînesse à Ya‘aqov pour un plat de lentilles, puis Ya‘aqov reçut la bénédiction de son père Yits‘haq à sa place. Dans la lecture kabbalistique et hassidique, la bekhora représente la ‘hokhma (sagesse première), que Ya‘aqov incarne, tandis qu’‘Essav, qui méprise la bekhora, symbolise le rejet de cette sagesse spirituelle.
4« … c’est la crainte de l’Éternel, gage de précieuse bienveillance pour ceux qui s’en inspirent. Sa gloire subsiste à jamais. »
5La lettre hébraïque ‘Hèt (ח) est associée à la ‘hayim (חיים), la « vie », et à la ‘hiyout (חיות), la « vitalité », qui commencent toutes deux par cette lettre. Dans la Kabbale, le ‘Hèt symbolise ainsi la source de vie spirituelle qui irrigue toute la création.
6« Car ainsi on est sous la protection de la sagesse et sous la protection de l’argent ; toutefois la sagesse l’emporte, car elle prolonge la vie de ceux qui la possèdent. »
7La « royauté » (Malchout, מלכות) désigne dans la pensée kabbalistique la dernière des dix sefirot, qui représente la manifestation de la présence divine dans le monde. Elle est appelée « royauté » car elle reçoit des autres sefirot, comme un roi reçoit l’hommage de son peuple, et elle transmet ensuite cette influence à la création. Ici, elle est comparée à la lune, qui ne possède pas de lumière propre mais reflète celle du soleil, image de la sagesse.
8« Que son nom vive éternellement ! Que sa renommée grandisse à la face du soleil ! Que l’on se souhaite d’être heureux comme lui ; que tous les peuples proclament sa félicité ! »
9Dans le Psaume 72, qui est une prière pour le règne du roi Salomon, il est écrit : « Que son nom soit Yinon avant le soleil » (יְהִי שְׁמוֹ לְעוֹלָם לִפְנֵי־שֶׁמֶשׁ יִנּוֹן שְׁמוֹ). Le mot Yinon est rare et Rachi l’explique comme un terme de royauté : il signifie que son nom s’étendra et fleurira, symbole de domination et de gloire royale. Dans la lecture kabbalistique, ce verset illustre la sefira de Malchout (royauté), qui se manifeste dans le monde tout en recevant sa lumière de la ‘Hokhma (sagesse), comme la lune reçoit sa lumière du soleil.
10« Jacob servit à Ésaü du pain et un plat de lentilles ; il mangea et but, se leva et ressortit. C’est ainsi qu’Ésaü dédaigna le droit d’aînesse. »
11« La lune sera couverte de honte, le soleil de confusion, car l’Éternel-Cebaot régnera alors sur la montagne de Sion et à Jérusalem, et sa gloire brillera aux yeux de ses anciens. »
12« Mieux vaut un jeune homme pauvre, mais intelligent, qu’un roi vieux et stupide, incapable même d’accueillir encore des conseils. »
13« Qui est sage pour comprendre ces choses, intelligent pour le reconnaître ? Car les voies… »
À suivre…


