Programme quotidien de Rabbi Yits‘haq Breitier (1886-1943)
1 . Une découverte bouleversante
Issu d’un milieu religieux mais sans contact avec la ‘Hassidout Breslev, il découvre un jour le Liqouté Moharan à la yéchiva de Rabbi Tsadoq à Lublin. Il tombe sur la leçon 64 de la première partie, un texte mystique et profond sur le takhlit (la finalité), et en est tellement bouleversé qu’il cache le livre pour pouvoir le retrouver — mais il disparaît. Cet épisode marque le début d’un attachement sans retour à l’enseignement de Rabbénou Na‘hman.
2. Son chemin vers Ouman
Il découvre ensuite le commentaire Parpérot La‘hakhma (de Rabbi Naftali de Tcherin), grâce auquel il parvient à entrer en contact avec des Breslevers de Russie. Il se rend à Ouman pour la première fois pour Roch Hachana peu de temps après, rejoignant le fameux kibbouts autour de la tombe de Rabbénou.
3. Leader du renouveau Breslevien en Pologne
De retour en Pologne, il devient un moteur puissant pour la diffusion des enseignements de Rabbénou. Il écrit, enseigne, organise des rencontres, crée un réseau d’adeptes. C’est notamment lui qui fonde, après la fermeture de la frontière entre la Russie et la Pologne en 1917, un kibbouts alternatif à Lublin pour Roch Hachana.
4. Un maître spirituel discret mais déterminé
Rabbi Yits‘hak n’était pas un Tsadiq au sens charismatique ou autoritaire du terme. Il ne se considérait jamais comme un dirigeant, mais plutôt comme un simple transmetteur fidèle des enseignements de Rabbénou. Il incarnait la simplicité, la ferveur, et une immense émouna. Ses écrits (voir ci-dessous) montrent une profondeur d’âme et une capacité rare à traduire la pensée de Rabbénou en conseils concrets et accessibles.
5. Le Ghetto de Varsovie et le martyr
Durant la Seconde Guerre mondiale, il se retrouve dans le ghetto de Varsovie, où il est reconnu comme l’un des sages du quartier. Il continue à encourager, prier, enseigner et soutenir ceux qui l’entourent, jusqu’à sa déportation à Treblinka en 1943, où il est assassiné.
6. Seder HaYom
Parmi ses écrits, le plus connu et le plus pratique reste le Seder HaYom — un programme spirituel en 27 points, destiné à organiser la journée d’un disciple de Rabbénou et à transformer chaque moment, du réveil jusqu’à la nuit, en un acte de sainteté et de rapprochement d’Hachem. Cet ouvrage, à la fois concis et profond, continue aujourd’hui encore d’inspirer ceux qui désirent vivre les conseils de Rabbénou dans la constance et la joie.
Liste des 27 points importants d'une journée d'un juif breslev
À l’entrée de la nuit, on dira :
« Je désire servir Hachem, béni soit-Il, avec vérité, foi et joie. Et je relie ma personne, dans toutes mes pensées, paroles et actions de la journée, à tous les véritables Tsadiqim, et en particulier à la source jaillissante de sagesse, notre maître Na‘hman fils de Feïga — que son mérite nous protège. »
Avant chaque prière, on dira :
« Je relie ma personne, par ma prière, à tous les véritables Tsadiqim de notre génération, ainsi qu’à tous les véritables Tsadiqim reposant dans la poussière — les saints qui sont dans la terre —, et en particulier à notre maître saint, pilier du monde, source jaillissante de sagesse, notre maître Na‘hman fils de Feïga — que son mérite nous protège. » En savoir plus…
On priera avec lenteur, avec force, avec kavana (1), avec joie, et d’une voix agréable. On veillera, en prononçant le Nom de Dieu, à bien articuler la voyelle ‘holam (au-dessus de la lettre dalet), et on accentuera également le youd de la manière suivante : « Ado–naï ». Tous les Noms divins seront prononcés avec crainte et révérence.
Car par cette prière, on adoucit tous les jugements, et l’on mérite de se renforcer pour tenir bon face à toutes les descentes, obscurités et obstacles qui se dressent sur le chemin de tout homme — conformément à ce que nous disons dans cette prière : « Il garde Son peuple Israël à jamais. » En savoir plus…
(1) Le terme kavana désigne la concentration intérieure et l’attention consciente de l’esprit et du cœur au moment de prier.
On la récitera avec lenteur et avec joie, comme indiqué dans la section précédente. Par cela, on répare les fautes de toute la journée — et en particulier les atteintes à l’Alliance (1), qu’Hachem nous en préserve. Comme l’ont enseigné nos Sages, de mémoire bénie : « Celui qui récite le Shema‘ au moment du coucher tient les forces de nuisance à distance. » En savoir plus…
(2) « L’Alliance » (brit) désigne le pacte sacré entre Hachem et le peuple d’Israël, scellé par la brit mila (circoncision). « Atteindre à l’Alliance » (pgam habrit) signifie rompre ou altérer ce lien, notamment par l’impureté sexuelle ou des pensées contraires à la sainteté.
On se lèvera pour s’affliger profondément de la destruction du Temple, ainsi que de l’occultation de la lumière du véritable Tsadiq (ce qui fait aussi partie de la destruction du Temple). On pleurera également ses fautes, ses transgressions, ses rébellions, ainsi que ses traits de caractère et ses désirs négatifs, qui retardent la reconstruction du Temple.
On cherchera à se retrouver soi-même dans tout ce que l’on traverse — à travers la récitation du Tiqoun ‘Hatsot —, et l’on priera Hachem, béni soit-Il, pour la rédemption et le salut de tout Israël, ainsi que pour sa propre délivrance intérieure, vis-à-vis du mauvais penchant qui le guette constamment.
L’heure de Hatsot, selon notre Maître, commence toujours — en hiver comme en été — six heures après la sortie des étoiles (celle-ci survenant environ vingt minutes après le coucher du soleil), et elle se prolonge durant deux heures. En savoir plus…
Lorsqu’on se réveille de son sommeil, on dira : « Modé Ani Lefanekha… », puis on se rappellera immédiatement le monde à venir. On priera Hachem, béni soit-Il, de nous aider à nous conduire durant toute la journée dans la sainteté. Et l’on renouvellera son attachement aux Tsadiqim, comme on l’a fait à l’entrée de la nuit. En savoir plus…
On se secouera pour se lever avant l’aube afin de se consacrer au service d’Hachem, béni soit-Il. Par cela, on méritera la plénitude de la foi, la lumière de la vérité et une connaissance profonde, et l’on sera digne d’entrer dans toutes les portes de la sainteté. Au lever du jour, on prendra un moment pour contempler le ciel. En savoir plus…